Entreprise individuelle vs SASU : quel statut pour démarrer ?

Comparaison statuts juridiques

Entreprise individuelle vs SASU : quel statut pour démarrer ?

Temps de lecture : 8 minutes

Se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est comme naviguer en territoire inconnu. Vous avez cette idée brillante qui vous tient éveillé la nuit, mais voilà : quel statut juridique choisir ? Entre l’entreprise individuelle et la SASU, le choix peut sembler déroutant. Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul dans cette réflexion.

Éléments clés à retenir :

  • Comprendre les implications fiscales et sociales
  • Évaluer la protection du patrimoine personnel
  • Anticiper l’évolution de votre activité

Voici la vérité : Le bon statut n’est pas celui qui paraît le plus séduisant sur le papier, mais celui qui correspond à votre réalité entrepreneuriale.

Sommaire

L’entreprise individuelle : les fondamentaux

L’entreprise individuelle (EI) représente la forme juridique la plus accessible pour débuter. Depuis 2022, elle bénéficie d’une protection automatique du patrimoine personnel, révolutionnant complètement sa attractivité.

Les avantages concrets de l’EI

Simplicité administrative : La création se fait en quelques clics sur le guichet unique. Aucun capital minimum requis, pas de statuts à rédiger. Sarah, graphiste freelance, témoigne : « J’ai créé mon EI un lundi matin et j’ai commencé à facturer dès l’après-midi. »

Flexibilité fiscale : Vous pouvez opter pour le régime micro-entrepreneur (anciennement auto-entrepreneur) ou le régime réel. Le micro offre un abattement forfaitaire attractif : 34% pour les prestations de services, 50% pour les activités libérales.

Protection du patrimoine : Depuis la loi du 14 février 2022, votre résidence principale et vos biens personnels sont automatiquement protégés des créanciers professionnels.

Les contraintes à anticiper

L’EI présente certaines limites qu’il faut connaître. Les cotisations sociales sont calculées sur l’ensemble de votre bénéfice, sans possibilité d’optimisation salariale. De plus, impossible de vous associer ou d’accueillir des investisseurs dans cette structure.

La SASU en détail

La Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) séduit de nombreux entrepreneurs par sa flexibilité et ses perspectives d’évolution. C’est une véritable société avec un associé unique.

Les points forts de la SASU

Statut de dirigeant salarié : En tant que président de SASU, vous relevez du régime général de la Sécurité sociale. Cela signifie une meilleure protection sociale, notamment pour la retraite et l’assurance chômage (sous conditions).

Optimisation des revenus : Vous pouvez arbitrer entre salaire et dividendes selon votre situation. Les dividendes ne supportent pas de cotisations sociales (seulement 17,2% de prélèvements sociaux).

Crédibilité commerciale : Une SASU inspire généralement plus confiance aux clients et fournisseurs qu’une EI, particulièrement pour les gros contrats.

Les exigences à respecter

La SASU implique des obligations comptables strictes : tenue d’une comptabilité complète, dépôt des comptes annuels, assemblée générale annuelle. Les coûts de fonctionnement sont également plus élevés, avec l’expert-comptable quasi obligatoire.

Comparaison détaillée : EI vs SASU

Comparaison des coûts de fonctionnement annuels

Frais de création :

EI : ~50€

Frais de création :

SASU : ~500€

Comptabilité annuelle :

EI : ~300€

Comptabilité annuelle :

SASU : ~1800€

Formalités légales :

EI : ~100€ |

SASU : ~600€

Critère Entreprise Individuelle SASU
Capital minimum Aucun 1€ symbolique
Responsabilité Limitée (patrimoine protégé) Limitée aux apports
Régime social dirigeant Travailleur indépendant Assimilé salarié
Évolutivité Limitée Très flexible
Coût annuel moyen 400-800€ 2000-4000€

Critères de choix selon votre profil

Choisir l’EI si vous êtes…

Le testeur : Vous voulez valider votre concept avec un investissement minimal. Marc, consultant en transition numérique, explique : « J’ai commencé en EI pour tester mon marché. Après 18 mois de croissance stable, j’ai basculé en SASU. »

L’activité de service simple : Freelance, consultant, coach, thérapeute… Si votre activité ne nécessite pas d’investissements lourds ni d’associés, l’EI est parfaite.

Le revenus modérés : En dessous de 50 000€ de chiffre d’affaires annuel, l’EI reste généralement plus avantageuse.

Opter pour la SASU si vous visez…

La croissance et l’investissement : Vous prévoyez d’embaucher, de lever des fonds ou d’accueillir des associés. La structure société facilite ces évolutions.

L’optimisation fiscale : Avec des bénéfices importants, la possibilité de jouer sur salaire/dividendes devient rentable malgré les coûts supérieurs.

La crédibilité commerciale : Pour des contrats B2B importants ou des partenariats stratégiques, le statut de société rassure.

Études de cas pratiques

Cas n°1 : Julie, développeuse web freelance

Situation : Chiffre d’affaires de 35 000€/an, travail en solo, clients PME locales.

Choix : EI au régime micro-entrepreneur. Résultat : Simplicité administrative maximale, charges sociales de 22% sur le CA, bénéfice net d’environ 27 000€ après abattement fiscal de 34%.

Évolution : Après 3 ans, Julie envisage de passer en SASU pour optimiser ses revenus croissants et améliorer sa protection sociale.

Cas n°2 : Thomas, consultant en stratégie digitale

Situation : CA prévu de 80 000€/an, missions longues, ambition de créer une agence.

Choix : SASU directement. Stratégie : Salaire de 3 000€/mois + dividendes de 15 000€/an. Économie de charges sociales sur les dividendes tout en constituant des réserves pour l’embauche.

Avantage : Crédibilité renforcée auprès des grands comptes, facilité pour intégrer un associé l’année suivante.

Votre feuille de route entrepreneuriale

Voici votre plan d’action personnalisé pour faire le bon choix et l’implémenter efficacement :

Étape 1 : Auto-diagnostic (Semaine 1)

  • Calculez votre CA prévisionnel sur 3 ans avec un scénario conservateur et optimiste
  • Listez vos ambitions : rester solo, embaucher, lever des fonds, revendre ?
  • Évaluez votre clientèle cible : TPE/particuliers (EI possible) ou entreprises/institutions (SASU recommandée)
  • Chiffrez les coûts réels de chaque statut sur votre première année

Étape 2 : Simulation financière (Semaine 2)

  • EI : Calculez vos charges sociales selon le régime choisi (micro ou réel)
  • SASU : Modélisez différentes répartitions salaire/dividendes
  • Intégrez tous les coûts : création, comptabilité, assurances, CFE
  • Projetez sur 3 ans pour identifier le point de bascule financier

Étape 3 : Validation et lancement (Semaine 3-4)

  • Consultez un expert-comptable pour valider vos calculs (1h de conseil = 150€ bien investis)
  • Préparez vos documents selon le statut choisi
  • Lancez les démarches via le guichet unique des formalités d’entreprises
  • Anticipez la transition : prévoyez déjà les conditions d’un changement de statut ultérieur

Conseil d’expert : Ne cherchez pas la perfection immédiate. Selon l’INSEE, 23% des entrepreneurs changent de statut dans leurs 3 premières années. L’important est de démarrer avec une structure adaptée à votre réalité actuelle tout en gardant un œil sur vos ambitions futures.

L’entrepreneuriat évolue constamment avec la digitalisation et les nouvelles formes de travail. Votre choix de statut aujourd’hui doit être pensé comme une première étape, pas comme un engagement à vie. Quelle sera votre première action cette semaine pour concrétiser votre projet entrepreneurial ?

Questions fréquentes

Puis-je passer d’une EI à une SASU facilement ?

Oui, mais ce n’est pas une simple transformation. Vous devez fermer votre EI et créer une nouvelle SASU. Les biens peuvent être apportés à la société, mais attention aux implications fiscales. Comptez 2-3 semaines pour la procédure complète et budget d’environ 800€ (frais de création + accompagnement comptable).

Quel statut choisir pour une activité saisonnière ?

L’EI en micro-entrepreneur est idéale pour les activités saisonnières. Vous ne payez des cotisations que si vous réalisez du chiffre d’affaires. En SASU, même sans activité, vous devez maintenir la comptabilité et les obligations légales, générant des coûts fixes incompatibles avec la saisonnalité.

La SASU protège-t-elle mieux mon patrimoine que l’EI ?

Depuis 2022, la protection est équivalente pour les dettes professionnelles. La SASU limite votre responsabilité aux apports, tandis que l’EI protège automatiquement votre patrimoine personnel. La différence principale concerne les garanties personnelles que les banques peuvent demander : plus fréquentes en EI qu’en SASU pour les gros financements.

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